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Immoler

Le drame qui s’est déroulé il y a quelques jours à Lyon nous secoue encore : un étudiant s’est immolé par le feu pour appeler l’attention du public, mais surtout des politiques sur la situation précaire de beaucoup de gens, notamment des étudiants qui n’arrivent pas à poursuivre leurs études, faute de bourses ou de moyens financiers.

Il s’est immolé c’est-à-dire qu’il s’est suicidé ou a tenté de le faire comme si cet acte pouvait faire bouger les choses, créer un choc salutaire. Et en même temps bien sûr c’est l’expression de son désespoir et de son incapacité à vivre plus longtemps dans la situation où il se trouvait qui se fait jour par son geste. 

Il est vrai que ce verbe immoler, qui n’est pas (heureusement !) des plus fréquent s’emploie aujourd’hui presque toujours à la forme pronominale : s’immoler.

Le mot est vieux, et il dérive du latin, avec une histoire étymologique étonnante ! Pour la comprendre, il faut se souvenir des rituels liés aux sacrifices dans l’antiquité romaine : on avait coutume de mélanger du sel et de la farine pour les répandre sur la tête des animaux sacrifiés. Et la farine en latin se dit mola. De là le verbe immoler, et on se rend compte que lointainement, immoler est de la même famille que moulin, qui lui aussi vient de mola !

S’immoler, c’est donc se sacrifier, mais au sens propre, littéral.

Au sens propre, le sacrifice est un rituel qui consiste à donner à la divinité ce qui nous est cher. Comme un don gratuit, d’autant plus que la divinité en question n’en pas forcément besoin, en tout cas, pas de la même façon que l’humain qui lui fait ce sacrifice. On se prive donc de quelque chose qui a de la valeur, à quoi on accorde de la valeur, pour le donner aux dieux. Souvent ce sacrifice prenait la forme d’un don d’animal : on tuait une génisse, un poulet, un veau, un bœuf même, donc on abandonnait une richesse parfois considérable, pour plaire au dieu et s’attirer sa bienveillance.

Mais aujourd’hui, le mot est très employé dans un sens figuré. Pour exprimer simplement qu’on renonce à quelque chose, parce qu’on croit que ce renoncement profitera à quelqu’un d’autre. Souvent on a donc l’idée que le sacrifice consiste à se passer d’un avantage, ou d’un plaisir pour l’intérêt ou le plaisir d’autrui. Et souvent d’ailleurs, on utilise la forme pronominale dans ce cas : se sacrifier… Elle s’est sacrifiée pour ses enfants, travaillant sans relâche, renonçant aux plaisirs de la vie pour leur payer une belle vie et de bonnes études. Souvent d’ailleurs on souligne ces sacrifices pour faire ressortir l’ingratitude de ceux pour qui ils ont été faits : elle lui a sacrifié ses plus belles années… On voit bien que le verbe peut s’employer avec un complément : il lui a sacrifié sa passion pour le football ; il a raccroché ses crampons pour passer avec elle tous ses dimanches matins… et pourtant, elle l’accable de reproches.

On se sacrifie donc souvent pour quelqu’un, mais en restant bien vivant. Alors que si on s’immole, c’est plus radical.

En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF)


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