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Suspendu

La chaîne de télévision du Hezbollah suspendue de Twitter ! Voilà une information dont Rfi se faisait l’écho dans la journée d’hier. Et son sens n’échappe à personne : Twitter a supprimé la plupart des comptes de la télévision du Hezbollah libanais. C’est la première phrase qui suit ce titre, et qui l’explique. Si cette chaîne est suspendue de Twitter, c’est qu’elle est privée de twitter. Mais la formulation est pourtant un peu particulière : qui a été suspendu ? La chaîne de télévision ? Pas du tout ! Ce sont les comptes tweeter, actifs sur cette chaîne qui ont été désactivés, ou tout au moins gelés, arrêtés. On a donc un retournement de la phrase, qui reste malgré tout très compréhensible. Mais revenons à notre suspension : on nous dit dans la suite de l’article que ces comptes ont été supprimés. Une suppression n’est pas une suspension. La sanction est donc peut-être plus sèche, plus définitive qu’il n’y paraissait. Parce que lorsqu’on parle de suspension, on général, on sous-entend que la mesure est provisoire, qu’elle peut être annulée : elle porte sur un fonctionnement, et non sur l’existence de ce qui fonctionne.

Si l’on suspend les institutions, cela signifie que les institutions ne sont plus opérantes, qu’elles sont neutralisées. Est-ce qu’on entend par là qu’elles sont annulées, qu’elles sont supprimées ? Pas du tout ! Mais simplement, on donne l’impression qu’on fige ce qui existe momentanément, pendant un temps un déterminé, mais limité. Comme si ces institutions, on les mettait entre parenthèses, comme si on les poussait de côté. Il ne s’agit ne de supprimer, ni même de modifier, d’amender, de changer, de réformer. On ne change rien. Simplement, c’est comme si on faisait descendre un rideau qui masquait tout ce qui existe. C’est encore là derrière le rideau. On considère d’ailleurs qu’on peut le faire réapparaître à tout moment, dans l’état exact où c’était avant cette fameuse suspension. Seulement pour l’instant, plus rien ne s’applique, plus rien ne fonctionne : on a comme coupé le courant.

L’effet le plus important est peut-être l’immédiateté de la décision. Et on retrouve cette soudaineté dans d’autres emplois du mot : on peut suspendre les institutions, mais on peut aussi suspendre quelqu’un de ses fonctions. C’est-à-dire que d’un moment à l’autre, d’un jour à l’autre, parfois même d’une heure à l’autre, il est privé de son poste, de ses responsabilités et de son pouvoir. L’expression s’emploie surtout dans le service public : dans le privé c’est à la fois moins formel et parfois plus violent encore. Mais un fonctionnaire peut être suspendu de ses fonctions : un enseignant, un policier, le directeur d’une institution. Ce qui ne veut pas dire qu’on le prive d’un coup de son poste, de son grade, de sa carrière. Mais tout ça est comme éteint d’un seul coup – ce qui laisse la possibilité de le rallumer tout aussi brutalement.

Une suspension est bien sûr vécue comme une sanction. Et pourtant, il s’agit d’un genre de principe de précaution, une décision qui s’applique avant qu’une décision officielle et définitive soit prise : on a un soupçon, on pense que quelqu’un a commis une faute grave, ou qu’il pourrait en commettre d’autres ? Eh bien on le suspend, avec ou sans traitement d’ailleurs, pendant que l’enquête prend son temps pour tenter d’établir les faits et de trouver des preuves ou au contraire de blanchir le malheureux soupçonné. Ce n’est qu’ensuite qu’on le rétablit dans ses fonctions ou qu’on le sanctionne définitivement.

Et ce geste administratif peut avoir un symétrique dans le rêve poétique : « Ô temps suspends ton vol, et vous heures propices, suspendez votre cours ». Ce désir fou de figer le temps, de stopper le cours des choses pour ouvrir une parenthèse hante tous les esprits.

En partenariat avec la Délégation Générale à la Langue française et aux Langues de France (DGLFLF)


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