C'est une femme à l'allure très féminine, souriante. Une femme parmi tant d'autres au milieu de cette foule. Sandra Forgues ou il y a encore six mois, Wilfrid Forgues, à droite sur cette image, champion olympique ici à l'arrière du canoë aux JO d'Atlanta en 1996. Wilfrid était alors un homme marié, père de deux enfants. Aujourd'hui Sandra parle librement de sa transidentité.
Moi, j'ai eu une vie très heureuse, j'ai fait plein de choses extraordinaires avec des gens extraordinaires. Tant que j'étais avec eux, tout allait bien. Mais dès que je me retrouvais toute seule, c'était l'enfer. Oui, c'est-à-dire que soit j'étais une femme, soit ça allait pas du tout.
Oui, je me travestissais pour aller faire mes courses à Intermarché, là j'étais bien, j'étais moi.
Pendant plus de 40 ans, Sandra va tenter d'étouffer sa vraie nature, notamment grâce à sa passion du sport, en vain.
J'ai pris conscience il y a plusieurs années que de toute façon, je m'en sortirais pas parce que je pensais au départ que ça allait me passer, que voilà, en faisant des efforts, en étant un champion, tout ça, et que j'apprécierais d'être un homme.
Wilfrid Forgues est le premier sportif français de haut niveau à devenir transgenre. Sandra ne renie rien de son passé d'homme. Elle a gardé intacte sa passion pour le canoë-kayak et entraîne à Toulouse de jeunes compétiteurs.
Moi je m'y attendais pas du tout parce que, depuis que je suis petite, Wilfrid c'est mon entraîneur musclé, fort, qui est champion olympique, c'est l'incarnation de la masculinité. Mais, enfin, ça m'a plutôt fait plaisir parce qu'il s'est mis à sourire, il nous l'a dit tout content.
Ce Wilfrid, s'il avait pu vivre, il aurait été très très bien, mais voilà, il lui manquait un truc, c'est d'être une femme.
C'est bien une femme qui se livre à cœur ouvert pour aussi, dit-elle, changer le regard des gens.