Les valeurs de l'Europe, entretien avec Jean-Paul Marthoz

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Jean-Paul Marthoz, bonjour. Vous êtes journaliste, auteur de plusieurs ouvrages sur la pratique et léthique du journalisme et aussi militant des droits de lHomme. Alors, au bar de lEurope, je vous ai servi un verre deau bien transparente, inodore, incolore, un peu à limage de ce journalisme qui se veut objectif. Et puis un verre de vin, plus charnel, plus enivrant, à limage de ce journalisme engagé, euhqui défend certaines valeurs. Vous choisissez quoi ?

Le vin. Pour autant que cest pas un gros rouge qui tache, qui ressemblerait à la presse sensationnaliste, mais jecertainement le vin. Oui, absolument.

Les journalistes doivent être des rebelles ? Cest ce qui ressort un peu dun de vos ouvrages, « Léthique de la dissidence » .

Pas nécessairement, mais dune certaine manière le bon journalisme sexerce en pratiquant une distance critique par rapport à toute linformation que lon reçoit. Donc dune certaine manière le... la mentalité rebelle prédispose à une forme de journalisme. Cela dit, le rebelle peut être aussi un journaliste qui nest pas nécessairement de grande qualité. Donc je pense quil faut concilier à la fois euh... un sentiment dêtrede servir le public en cherchant linformation qui dérange, surtout celle qui dérange, et dune certaine manière donc, cest un peu une prédisposition dêtre rebelle. Mais je pense que, il ne suffit pas dêtre rebelle. Il faut aussi appliquer au journalisme une série de critères professionnels, de sérieux... Faut pas... que la vérité soit victime de la rébellion par exemple. Il faut vraiment quequon puisse simposer comme quelquun qui pratique lexcellence.

Alors vous épinglez des moments de bravoure du journalisme américain. Vous auriez pu faire la même chose pour le journalisme européen ou est-ce quil est plus conformiste ?

Je pense pas quil est plus conformiste. Je pense quil y a aux États-Unis une tradition plus grande du journalisme euh... de contre-pouvoir. Cest un peu inscrit dans la constitution. Cest le quatrième pouvoir. Je pense que ça vient de . Et je pense que, si aux États-Unis on adimmenses exemples de journalisme de contre-pouvoir, de journalisme critique, on a aussi dimmenses exemples de journalisme conformiste. Par exemple, pour la guerre en Irak, la majorité de la presse américaine a suivi euhcomme un seul homme, comme une seule femme si jose dire, la position de ladministration Bush. Donc je pense que ce nest pas nécessairement une très très grande différence. Je pense quil y a aussi en Europe des journalistes qui font leur métier avec beaucoup de sens critique. Je ne pense pas quil y ait actuellement, réellement un décalage aussi absolu quil a pu lêtre à un certain moment de lHistoire entre le journalisme à leuropéenne et le journalisme à laméricaine.

Alors je vous interromps parce que vous le voyez, des petits parasites qui apparaissent ici et derrière ces parasites, quelquun qui va vous poser une question. On regarde !

Agnès Levallois, journaliste, spécialiste du monde arabe. Jean-Paul Marthoz, je souhaiterais vous poser une question. Nous avons vu l'Europe s'impliquer dans les révolutions euh... tunisienne, égyptienne, avec un petit peu de décalage. Nous l'avons vue s'impliquer également sur le dossier libyen. En revanche, sur la Syrie euh... la réaction a été beaucoup plus tardive. Cest vrai que ce sont des pays avec lesquels l'Europe avait des relations privilégiées, l'Europe qui a soutenu les dictatures représentées par ces pays. Donc, comment qualifieriez-vous la relation qu'entretient l'Europe avec ces pays ? Est-ce que ce sont des valeurs éthiques qui sous-tendent cette politique ? Ou beaucoup plus un principe de réalité ?

Réponse ?

Je pense que lEurope est schizophrène de toute manière dans sa politique étrangère comme le sont en général les démocraties. Cest-à-dire quelles sont lexpression officiellement de valeurs. Elles sen réclament tout le temps, les valeurs européennes, ou les valeurs occidentales, ou les valeurs universelles et par ailleurs, elles ont des intérêts. Et le grand débat précisément cest de savoir comment on peut à la fois concilier une politique de réalité parce que le monde est tel quil est, cest un monde de brutes, un monde de... dhostilités. Comment faire pour concilier au maximum euh... ces intérêts, qui sont réels, avec les valeurs dont on se réclame ? Alors si je prends la question du monde arabe, je pense que lEurope, de nouveau, a été schizophrène, en ce sens que, au même moment, par exemple, des officiels de la Commission européenne soutenaient des journalistes indépendants, des blogueurs, au travers de certains programmes dappui à la démocratie... à la presse, ou à la démocratisation, au même moment, les chefs dÉtat, continuaient à sacoquiner avec Ben Ali, avec Kadhafi et autres. Et donc, je pense

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