Chapitre 11 LES COULEURS DE CHANEL
Noir, blanc, beige, or, rouge.
Noir, parce qu'il souligne l'essentiel, rappelle la rigueur monacale des uniformes de l'orphelinat d'Aubazine, parce que, pour Gabrielle Chanel, il « rend visible le rayonnement d'une femme. »
Grâce à Chanel, le noir quitte le deuil et les domestiques pour devenir, dès 1926, la couleur de l'élégance avec la « petite robe noire ».
« J'ai imposé le noir. Il règne encore car le noir flanque tout par terre. » déclarait Mademoiselle.
Blanc, parce qu'au commencement était le blanc, parce qu'il capte la lumière, éclaire le visage, rehausse la beauté.
Parce que c'est la couleur de l'absolu de la transparence et de la transcendance, blanc parce qu'il rappelle à Coco les cornettes des religieuses de son enfance et la robe de communiante offerte par son père.
Beige parce qu'il est chaleureux, évident, naturel, parce qu'il est la couleur de la terre battue de son Auvergne natale et celle du sable des plages de Deauville, de Biarritz ou du Lido, parce qu'il est pour Coco la couleur du teint naturel de la belle mine, du grand terre, et de la peau qui dore au soleil.
Or, parce qu'il supporte le vrai et le faux : le vrai des bijoux que lui offre Le Duc de Westminster, le faux des parures fantaisie qu'elle bricole sans fin.
Or, parce que les objets liturgiques et les robes de brocart du clergé d'autrefois ont illuminé son enfance.