Chers amis du Dessous des Cartes, voici une Leçon de Géopolitique, une interview cartes sur table en lien avec l'actualité internationale et aujourd'hui on va prendre la direction du Maghreb où les lignes bougent.
On va s'intéresser à trois actualités récentes : les élections législatives au Maroc, les tensions diplomatiques accrues entre le Maroc et l'Algérie, et la Tunisie où l'on parle de tournant autoritaire.
On en parle tout de suite avec vous, Khadija Mohsen-Finan, bonjour.
Bonjour.
Vous vivez à Tunis, vous êtes chercheure universitaire à l'Université Paris 1 et spécialiste du Maghreb.
Alors d'abord, rappelez-nous qui est Kaïs Saïed et pourquoi on parle, ces derniers jours, ces dernières semaines, de dérive autoritaire en Tunisie, qu'on présentait jusqu'à présent comme l'exception démocratique au Maghreb ?
Parce que depuis le 25 juillet dernier, le chef de l'État, le président Kaïs Saïed, s'est octroyé l'essentiel des pouvoirs, c'est-à-dire qu'il a eu recours à un article de la Constitution, plus précisément l'article 80, qui correspond, si vous voulez, en France, à ce qu'on appelle les pouvoirs exceptionnels.
Finalement, c'est un coup d'État, au regard de la loi.
Mais si coup d'État il y a, il faudrait qu'il y ait des suites juridiques, or on ne veut pas donner de suites juridiques parce qu'il est arrivé à sortir le pays de l'immobilisme politique.
Alors d'abord, peut-être pour aller un peu plus loin, il a tout récemment annoncé un nouveau gouvernement et une réforme de la Constitution.