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Fainéant

Est-ce que c'est aujourd'hui le jour des fainéants, le jour ils relèvent la tête ? En tout cas on n'en a jamais autant parlé qu'en ce moment, et cette journée de revendication contre la réforme du Code du travail les remet à l'honneur. En effet, ce mot, qui n'est pas si fréquent s'est retrouvé à la Une depuis que le Président de la République l'a employé récemment dans une déclaration faite en Grèce et précisant qu'il ne céderait ni aux fainéants, ni aux cyniques, ni aux extrêmes. La phrase est très provocante, et probablement elle est faite pour l'être. Et de manière plus ou moins directe, elle assimile les opposants à cette réforme du Code du travail à des fainéants (ou des cyniques, ou des extrêmes). De quoi faire monter les mécontentements ! En effet la formule est très insultante à l'égard de ceux qui désapprouvent la politique présidentielle : comme si c'était par fainéantise.

Et le fainéant, c'est bien sûr de paresseux. Mais le mot est familier, et négatif, plein de reproches. Il montre du doigt celui qui ne fait rien, l'expose au mépris. En général le mot se retrouve dans des exclamations dédaigneuses : bande de fainéants ! Quel fainéant celui-là ! Ce n'est pas seulement qu'il ne fait rien : il fait néant - bien pire ! Et néant est un vieux mot qui ne signifie rien, mais rien du tout. Un peu comme un intensif de rien. D'origine incertaine (il vient peut-être de l'expression ne gentem en latin, c'est-à-dire personne, aucune personne) il désigne en insistant l'absence totale. On se souvient du titre du célèbre essai de Jean-Paul Sartre, l'Être et le Néant. Le néant est donc d'une certaine façon le non-être. Le mot est vieux, et il a donné naissance au substantif fainéantise, synonyme de paresse, mais légèrement familier, comme l'adjectif.

On pourrait penser que le mot s'altère pour donner feignant, qui lui ressemble, et a à peu près le même sens, en plus familier encore. En fait les deux mots se croisent, leur s'alimentent mutuellement, mais feignant a une autre origine. Au départ il s'agit du participe présent du verbe feindre. Le feignant serait donc peut-être celui qui feint de travailler pour échapper au travail, qui fait semblant de travailler. Il a désigné aussi celui qui n'accepte un travail que contraint et forcé, qui en tout cas ne le recherche pas. Et feignant a donné feignasse, encore plus populaire, avec cette désignation, a priori féminine, et qui peut s'adresser à un homme. Encore une façon de mépriser tant la langue est phallocrate !

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