Je m'appelle Philippe Grandcolas je suis directeur de recherche au CNRS, donc un chercheur en biologie de l'évolution et en systématique c'est-à-dire que j'étudie la manière dont le vivant a évolué et j'en tire des descriptions d'organismes, la manière dont on peut les classer, les identifier pour que la société puisse s'emparer de la biodiversité.
Depuis le début du XXe siècle on a observé l'émergence d'une petite dizaine de maladies de ce type : le SRAS, le MERS, Ebola, le sida avec le virus HIV.
Toutes ces maladies ont un point commun : elles proviennent de la confrontation entre les humains et des espèces animales qui étaient autrefois contingentées dans leur milieu naturel.
Les maladies émergentes naissent d'une relation déséquilibrée avec la biodiversité et donc d'un contact avec des animaux réservoirs de pathogènes.
Ce contact se fait de 2 manières : la fragmentation des milieux, la forêt est coupée, on peut rentrer à pied dans la forêt. Les trafics d'animaux sont une source importante de revenus illégaux dans le monde derrière la drogue et la prostitution.
D'autre part, la pression colossale des grands centres urbains dans les villes tropicales et subtropicales amène les personnes en contact avec le milieu naturel à prélever des animaux dans la nature et donc à être en contact avec plus de pathogènes.
On peut craindre d'autres émergences dans les années à venir dans la mesure où les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets.
ll y a déjà des maladies que nous gérons passablement mal très près de nous, comme par exemple la maladie de Lyme en Europe dont le réservoir principal sont des petits rongeurs qu'on laisse circuler avec beaucoup de facilité puisqu'on tue leur principal prédateur antagoniste : le renard.
Ces maladies émergentes ne sont pas forcément des pathogènes exotiques ils peuvent aussi être des pathogènes bien de chez nous que nous gérons tout aussi mal dans notre environnement européen. Pour les sociétés humaines, c'est peut-être l'occasion de prendre conscience de la puissance de la biodiversité.
Quand on parle de la crise du climat on comprend tous qu'on ne peut pas complètement se protéger d'un tsunami ou d'une canicule, la puisssance est exceptionnelle. On a tendance à mésestimer la puissance de la biodiversité par rapport à celle des éléments climatiques. Et là on se rend compte qu'il n'en est rien.