Vieille amitié

J’étais critique littéraire ; je déjeunais avec une jeune journaliste dans un restaurant. À un moment, deux hommes vinrent s’asseoir à la table voisine. Je fis attention à celui qui me faisait face. Un homme brun, d’une quarantaine d’années ; le type du sportif devenu inactif ; le genre cadre supérieur.

À sa façon de prendre la carte du restaurant, d’appeler la patronne avec cette familiarité amicale, impossible de me tromper ; cet air de supériorité, je le connaissais ! Pourtant je ne pouvais pas me rappeler où je l’avais vu. Je sentis que je le détestais : une haine solide, qui avait toujours été là, en moi.

La journaliste regarda l’homme et me dit que c’était François Lebrun, patron d’une des plus grosses agences de publicité. Voilà ! Je me rappelai : tous les étés, sur la plage, François Lebrun, très fier, régnait sur tous. Il s’amusait à me mettre la tête sous l’eau. J’avais sept ans, lui quatorze. Il était fort et méchant.

Je dicte.

Le titre, Vieille amitié

A la ligne...(écoutez et écrivez bien...)

Je relis.

Vieille amitié

J’étais critique littéraire ; je déjeunais avec une jeune journaliste dans un restaurant. À un moment, deux hommes vinrent s’asseoir à la table voisine. Je fis attention à celui qui me faisait face. Un homme brun, d’une quarantaine d’années ; le type du sportif devenu inactif ; le genre cadre supérieur.