Dynastie
Une transition dynastique va-t-elle s'opérer chez Samsung, cette entreprise gigantesque, qui est l'orgueil de la nation coréenne ?
On parle en effet, sur RFI, de transition dynastique. Alors on aurait pu parler bien sûr de transition familiale : Samsung traverse une crise. Sa direction pourrait passer du père au fils.
Mais si l'on parle de dynastie, l'effet n'est pas exactement le même. D'abord on donne l'impression que cette transmission familiale s'étend sur de nombreuses générations : une dynastie souvent traverse les siècles. Ensuite, on parle d'une dynastie lorsqu'il s'agit d'une famille puissante et riche. Qui règne sur le même empire. Et que sa puissance et sa richesse sont donc une réalité qui traverse les siècles et qu'elle contrôle d'une génération à l'autre.
Le parcours du mot est d'ailleurs assez étonnant : il vient du grec, comme son orthographe pourrait nous le faire deviner : un « y » d'abord, et un « i » ensuite. Et le mot d'origine dunasteia n'évoque pas exactement une famille, mais veut simplement dire puissance, souveraineté, et même pouvoir absolu. Et le sens du mot va évoluer, puisque le terme qu'il donne en français ne désigne plus ce pouvoir, mais le glissement du pouvoir d'un individu à son héritier, puis tout simplement la chaine des héritiers successifs.
Alors bien sûr le mot peut aujourd'hui s'appliquer à une famille d'industriels, de grands propriétaires, ou parfois de gens de talents : on pourra parler de la dynastie Bach pour évoquer le patriarche des compositeurs, Jean-Sébastien, et ses nombreux enfants, tous musiciens. Mais le plus souvent, et dans un emploi qui se réfère à un sens qu'on considère comme le sens premier, on pensera évidemment à des familles régnantes. Et cette notion de dynastie permet qu'on s'oriente dans l'histoire. Aujourd'hui, on fait de l'histoire en s'intéressant aux mentalités, aux façons de vivre. Mais pendant très longtemps cette discipline consistait surtout à savoir qui détenait le pouvoir et comment il s'exerçait. Les rivalités, les complots, les intrigues de succession, les révolutions de palais étaient donc au premier rang des préoccupations des historiens. Le jeu des dynasties qui s'évincent, reviennent parfois au pouvoir après une période d'éclipse est au cœur de cette histoire qui ressemble à une généalogie.
Alors bien sûr, on a des branches familiales rivales au sein d'une même dynastie : les Bourbons et les Valois sont bien des Capétiens. Mais si les Bourbons sont restés sur le trône depuis Henri IV jusqu'à la Révolution (et même un peu après avec Louis XVIII et Charles X), la dynastie Capétienne est bien plus longue que ça : elle commence évidemment avec Hugues Capet, au dixième siècle. Hugues Capet qui a donné son nom à cette dynastie : les Capétiens. Avant on avait eu les Carolingiens, qui tenaient leur nom de Charlemagne : Carolus Magnus. Et la dynastie carolingienne avait elle-même succédé aux Mérovingiens, dont le premier était Clodion le Chevelu et le dernier Childéric III. Et avec ces trois lignées, Mérovingiens, Carolingiens et Capétiens, on a les trois dynasties de la monarchie française.
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